Attractivité : focus sur le secteur médico-social

25 septembre 2019

Médecins coordonnateurs : le défi du recrutement

Le secteur médico-social n’est pas épargné par une démographie médicale en berne. En Ehpad, par exemple, plus de la moitié des établissements (publics ou privés) déclarent avoir des difficultés à recruter. Ils doivent faire face un turn-over important (15 % du personnel ayant moins d’un an d’ancienneté). Embaucher un aide-soignant, un infirmier ou encore un médecin coordonnateur relève parfois du défi. Une étude de la Drees4, publiée en juin 2018, révélait que dans 10 % des Ehpad, un poste de médecin coordonnateur était non pourvu depuis au moins six mois.

A cela, plusieurs raisons. D’abord « parce qu’être médecin coordonnateur, c’est faire du management, explique le Docteur Stephan Meyer, vice-Président de l’Association des médecins coordonnateurs et du secteur médico-social (Mcoor), créée en 2015. Les médecins ne sont pas rompus à cet exercice. » Seuls 8 % des généralistes endossent aujourd’hui la casquette de médecin coordonnateur.

Les enjeux de la formation

Pour le Dr Meyer, l’une des clés est la formation. « Nous travaillons avec le Collège national des enseignants en gériatrie sur un module dédié au métier de médecin coordonnateur, lequel sera enseigné en gériatrie. Nous revendiquons une spécialité et une expertise à part entière dans un secteur médico-social en pleine mutation avec des prises en charge et des résidents dont le profil va évoluer. Il y a des enjeux autour de la recherche et de la télémédecine. »

Toujours sur le front de la formation, le décret publié au cours de l’été réformant le statut de médecin coordonnateur prévoit également que la profession pourra participer à l’encadrement des internes en médecine. « Les étudiants se dirigent vers ce qu’ils connaissent. Les stages nous semblent être un bon moyen de développer la filière et de la faire connaître », se félicite le Dr Meyer.

Les freins à lever

Même si tout dépend du statut du médecin coordonnateur, de l’établissement mais les questions de la rémunération et du temps de travail minimal constituent également un frein majeur. « Que nos jeunes collègues montrent un intérêt pour la profession est une chose, encore faut-il envisager une rémunération à la hauteur de la charge que représente ce travail », prévient le Dr Meyer. Le temps de travail d’un médecin coordonnateur correspond en moyenne à 0,2 Équivalent temps plein (ETP), « ce qui est en-dessous du minimum prévu par la réglementation à savoir 0,25 ETP pour 44 lits et jusqu’à 0,8 ETP a minima pour 200 lits », déplore Stephan Meyer.

Focus sur l’attractivité médicale :

4« Le personnel et les difficultés de recrutement dans les Ehpad », Mahel Bazin et Marianne Muller, Études et Résultats, n°1067, Drees, juin 2018.