Covid-19 : « Une expérience très formatrice » du côté des étudiants

16 juin 2020

Alice Garnier, 21 ans, est en deuxième année de médecine à l’Université Paris-Est Créteil. Elle s’est portée volontaire pour aider les soignants hospitaliers en charge des patients atteints du Covid-19. Elle raconte.

Comment avez-vous vécu cette période de crise sanitaire ?

Alice Garnier : Je l’ai plutôt bien vécue, parce-que je l’ai passée à travailler à l’hôpital et pas confinée chez moi. C’était une expérience assez intéressante et ma jeunesse a, je pense, fait que je n’ai pas eu peur pour moi ni pour mes proches.

Dans quel hôpital avez-vous exercé ?

A.G. : J’ai été engagée par l’hôpital Joffre-Dupuytren (AP-HP) à Draveil (Essonne) en tant qu’aide-soignante. J’ai travaillé de nuit, pendant un mois, à 35 heures par semaine dans un service de gériatrie, avec que des patients Covid. Je veillais sur eux pour m’assurer qu’ils allaient bien, je répondais à leurs besoins et je m’occupais des changes le matin et le soir.

Comment s’est passé votre recrutement ?

A.G. : Les élus étudiants de ma faculté, en accord avec la direction de l’université, ont demandé s’il y avait des volontaires pour renforcer les effectifs de l’AP-HP. Assez naturellement, je me suis proposée, comme de nombreux autres étudiants.

Quel accueil et encadrement avez-vous reçu sur place ?

A.G. : Nous avons eu une formation théorique de deux heures, en IFSI, pour être rapidement opérationnels. Nous avons ensuite été intégrés dans une équipe à l’hôpital Joffre-Dupuytren pour certains, à l’hôpital Emile-Roux (Val-de-Marne) pour d’autres. Nous avons appris « sur le tas », au jour le jour, de manière très pratique. Nous étions toujours en binôme avec une personne expérimentée. En ce qui me concerne, je ne me suis donc jamais sentie seule ou dans une situation que je ne pouvais pas gérer. On nous a également montré, bien sûr, comment s’équiper avec les sur-blouses, sur-lunettes, masques FFP2… et rappelé les règles d’hygiène.

Comment avez-vous vécu ces moments « en immersion » en cette période si particulière ?

A.G. : Il y a eu de nombreux décès dans le service. Il fallait, à chaque fois, appeler la morgue, le médecin, la famille… et ce, sachant que les proches n’étaient pas autorisés à venir, sauf dans les deux heures suivant le décès. Or, en pleine nuit, ils n’étaient pas toujours joignables. Quand nous réussissions enfin à les avoir en ligne, il était parfois trop tard. Cela m’a évidemment touchée même s’il est vrai qu’il faut aussi apprendre à mettre une distance. L’aide-soignante avec laquelle je travaillais était très présente et très disponible pour parler, si besoin. C’était très rassurant. Une cellule psychologique, joignable à toute heure, était également proposée par la faculté.

Quel enseignements tirez-vous de cette expérience ?

A.G : C’était une expérience très enrichissante et très formatrice pour la suite de mes études de médecine. Ce fut l’occasion de passer du temps avec les patients, de parler avec eux de leur vie, de leur famille, de leur ressenti… Cela m’a également appris que chacun – médecin, infirmier, aide-soignant… – joue un rôle clé au sein de l’hôpital et que si un seul maillon de cette chaîne ne fonctionne pas, rien ne fonctionne.

Quelles sont désormais, pour vous, les prochaines étapes ?

A.G : J’ai passé mes partiels en distanciel, fin mai, et je devrais très prochainement recevoir les résultats. Ensuite auront lieu, en juillet, les rattrapages, s’ils sont maintenus. Ce seront ensuite les vacances et nous verrons, en septembre, dans quelles conditions s’effectuera la rentrée… nous n’avons pas encore d’information sur ce sujet !

Tags : , ,

Ces articles peuvent également vous intéresser