Médecins en Europe : comment exerce-t-on en Belgique et au Royaume-Uni ?

2 mars 2017

Comment les médecins exercent-ils leur métier en Europe ? En ce début d’année 2017, Profil médecin entame une grande enquête sur les exemples européens. Dans le premier volet de cette série, nous nous intéresserons à la Belgique et au Royaume-Uni. Mais établir des comparaisons s’avère plutôt ardu : il n’existe en effet pas d’étude comparative sur le sujet ! Vice-Président du Comité permanent des médecins européens (CPME) en charge des relations internationales, Patrick Romestaing esquisse ainsi le visage d’une Europe des médecins décidément bien floue.

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• En Belgique, de fortes similitudes avec la France
• Au Royaume-Uni, le NHS au centre du jeu

Profil médecin : Quelles sont les principales différences entre les types d’exercice en Europe ?

Patrick Romestaing : Il est très compliqué d’obtenir des informations valides sur ce sujet, surtout dans les pays régionalisés comme l’Allemagne, l’Italie ou encore l’Espagne. Très peu de nations disposent en fait d’indicateurs précis centralisés tels que la répartition des médecins par tranche d’âge, genre, répartition géographique. Certains, comme l’Italie, en sont d’ailleurs encore à réfléchir à la création d’une boîte à outils pour récolter ces informations. Il faut aussi savoir que les instances européennes observent l’organisation des soins des pays et l’application des directives européennes mais ne s’intéressent pas à l’étude fine des pratiques médicales, mise à part à la formation. Ces réflexions portent sur des textes concernant la standardisation et la normalisation des pratiques mais aussi sur la nutrition et le tabac. Néanmoins, cela risque d’être très compliqué à décliner dans chaque pays car les règles et les systèmes professionnels diffèrent fortement.

Profil médecin : Quelle est la destination préférée des médecins français ?

Patrick Romestaing : Comparativement à l’ensemble de la population des médecins, très peu de Français partent travailler à l’étranger. En 2016, nous en avons recensés environ 855 sur 199 000 médecins en activité*. Il s’agit d’une population relativement jeune, partie finir son cursus hospitalo-universitaire en effectuant une ou deux années de mobilité, essentiellement au Royaume-Uni, aux États-Unis ou au Canada mais aussi dans les pays frontaliers comme la Suisse ou l’Espagne. D’autres, enfin, mais cela est très marginal, effectuent des missions humanitaires.

Profil médecin : Quels sont les pays dont l’exercice médical diffère le plus du modèle français ?

Patrick Romestaing : Les pays d’Europe centrale comme la Hongrie ou la Roumanie sont très différents tant en termes de formation que d’organisation du système de soins. Les spécialistes y exercent quasi exclusivement dans le cadre hospitalier, la formation pratique est plus importante et la rémunération est bien plus faible, moins de 1 000 euros par mois en Roumanie, par exemple.

Profil médecin : En quoi une telle étude comparative serait-elle intéressante selon vous ?

Patrick Romestaing : Les systèmes de santé sont très différents d’un pays à un autre. C’est pourquoi une telle étude comparative permettrait d’extraire les dispositifs, méthodes ou projets les plus positifs dans l’organisation des soins de chaque pays avec, à la clef, des conséquences valorisantes et positives pour les professionnels de santé mais aussi une meilleure prise en charge des patients.

 

Accès partiel aux professions médicales : les médecins épargnés

Le principe de l’accès partiel aux professions réglementées, y compris aux professions de santé, est autorisé par la directive européenne dite directive Qualifications**. Il a ainsi permis, en 2013, à un balnéothérapeute, pleinement qualifié et formé en Allemagne de pouvoir exercer partiellement la profession de masseur-kinésithérapeute en Grèce, où ce métier n’existe pas. Seules sept professions, soumises à des règles spécifiques en matière de reconnaissance des diplômes au sein de l’UE, ne peuvent faire l’objet d’un accès partiel : celle des architectes et, dans le secteur de la santé, celles des médecins mais aussi des vétérinaires, des infirmiers, des pharmaciens, des sages-femmes et enfin, des chirurgiens-dentistes.

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Au Royaume-Uni, le NHS au centre du jeu >

* Atlas de la démographie médicale en France, 1er janvier 2016, Cnom
** Directive européenne du 20 novembre 2013 modifiant la directive du 7 septembre 2005 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles. Transposée en droit français par l’ordonnance n°2016-1809 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles des professions réglementées, publiée au Journal officiel le 23 décembre 2016, et par l’ordonnance n°2017-50 du 19 janvier 2017 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles dans le domaine de la santé et publié au Journal officiel le 20 janvier 2017.

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