Médecins en Europe : en Belgique, de fortes similitudes avec la France

2 mars 2017

En dehors des médecins travaillant au sein des sept hôpitaux universitaires belges, qui sont des professionnels salariés et des médecins-conseils fonctionnaires, les autres praticiens sont indépendants. Mais plusieurs modes d’exercice s’offrent à eux.  

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Hôpital : public et privé, même combat

Les médecins peuvent exercer au sein des hôpitaux généraux – environ 120 – répartis sur l’ensemble du territoire. « En Belgique, pour les professionnels de santé, le fait que l’hôpital soit public ou privé ne fait pas grande différence », explique le Pr Jean-Jacques Rombouts, vice-Président du Conseil national de l’Ordre des médecins belge. Chaque médecin signe un contrat de collaboration avec l’établissement, lequel définit, entre autres, le règlement général de l’hôpital et la rémunération. L’hôpital perçoit des honoraires liées à l’activité des médecins auprès de l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (Inami), du patient ou d’une assurance privée. Il les redistribue aux praticiens après avoir prélevé les frais couvrant les coûts de fonctionnement de l’hôpital. « Ce mode de rémunération participe de la mobilité des médecins qui n’hésitent pas à postuler dans d’autres établissements lorsque les prélèvements sur honoraires sont moindres et/ou les conditions de travail sont meilleures », souligne le Pr Rombouts.

Des chasseurs de têtes pour recruter les spécialistes

« Le recrutement des médecins hospitaliers se fait souvent de façon informelle, indique le Pr Rombouts. Si le chef de service hospitalier souhaite s’adjoindre un spécialiste pointu dans un domaine et estime que la patientèle de son service est suffisante pour élargir l’équipe, il sollicite la candidature de jeunes médecins qu’il connaît ou les identifie en faisant appel à l’enseignant universitaire qui assure alors la formation des candidats. » Lorsque ces derniers sont identifiés, le chef de service entame la procédure d’engagement avec la direction médicale après avis du conseil médical. Et quand une clinique ou un hôpital souhaitent engager un spécialiste, la direction médicale passe des annonces dans la presse spécialisée, voire grand public. « Enfin, s’il faut recruter un spécialiste dans des domaines où il y a pénurie (gériatrie, oncologie, endocrinologie, médecine d’urgence), il n’est pas exceptionnel de faire appel à des chasseurs de tête dont certains travaillent à l’international ».

Controverse autour des déserts médicaux

Selon le Centre fédéral d’expertise des soins de santé, l’Inami et l’Institut scientifique de santé publique, la Belgique manque de généralistes, en particulier dans les zones rurales du sud du pays et ce, malgré l’augmentation des médecins diplômés. En cause, notamment, le vieillissement de cette population couplé au manque d’attractivité de la spécialité. En 2013, les généralistes étaient 2,95 pour 1 000 habitants alors que la moyenne européenne est de 3,45*. Pour inciter les praticiens à s’installer dans les territoires en tension, l’Inami a créé, en 2006, le projet Impulseo, permettant à des jeunes généralistes de bénéficier d’aides pour s’installer. En Flandres belges, le projet fonctionne à plein : ainsi, selon le syndicat flamand Domus Medica, 80 % des jeunes médecins généralistes s’installent dans des « zones Impulseo** ». En juillet 2016, le médecin généraliste a, pour la première fois, fait son apparition sur la liste des métiers en pénurie en Wallonie. « La question de la désertification médicale est toutefois contestée en Belgique, note le Pr Rombouts. Pour le ministère de la Santé publique et les syndicats, il n’y a pas de désert médical contrairement à ce que pensent les bourgmestres (maires, N.D.L.R.). »

 

Les chiffres

55 000 médecins sont inscrits au Conseil national de l’Ordre des médecins belges (47 000 actifs).
Au 1er février 2016, il y avait 18 745 généralistes (1 000 en formation) et 25 271 spécialistes (5 000 en formation).

suite :
Au Royaume-Uni, le NHS au centre du jeu >
Interview de Patrick Romestaing, Vice-Président du CPME >

 

* La performance du système de santé belge, rapport 2015 
** Plus d’informations en cliquant ici

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