« Portraits et regards croisés de… cardiologues » 

13 mars 2019 Interview cardiologues

« La médecine doit être un service public »

C’est en 1993 que le Dr Pierre Rougier a intégré le Centre hospitalier de Mont-de-Marsan par conviction. Aujourd’hui, chef de service de l’Unité de Soins intensifs de cardiologie (USIC), il témoigne sur son parcours.

Pourquoi avoir choisi l’exercice hospitalier ?
Ce choix repose sur des convictions d’ordre philosophiques que j’avais à l’époque : pour moi, la médecine doit être un service public. C’est pour cette raison que j’ai toujours voulu exercer à l’hôpital. J’avais aussi à l’époque un réel intérêt professionnel car dans le secteur hospitalier où j’ai choisi d’exercer, nous faisons de la pratique hospitalière, nous prenons en charge des pathologies aigues, des urgences. L’activité est très diversifiée.

Si c’était à refaire ?
Les temps ont beaucoup changé. Il est vrai qu’après un certain nombre d’années de pratique, on peut se poser la question de savoir si on reprendrait les mêmes décisions ou non. J’aurais pu m’orienter vers le secteur libéral, notamment pour une meilleure qualité de vie. Mais je suis resté dans le secteur hospitalier peut-être parce que j’étais tenu par ce que je faisais. Et puis, je me suis engagé dans des projets très intéressants et dynamisants qui m’ont donné envie de rester comme le centre de cardiologie interventionnel, la création d’une unité de soins intensifs de cardiologie. Il faut évoluer avec le développement de la discipline et les exigences de qualité qui sont devenues de plus en plus importantes. Il m’a fallu développer des compétences dans différents domaines. J’ai donc suivi des formations pratiques et théoriques comme beaucoup de mes confrères.

Votre spécialité a-t-elle beaucoup évolué au fil des années ?
En cardiologie, les évolutions technologiques ont conduit à des améliorations considérables au niveau de la prise en charge des patients. Lorsque j’observe la prise en charge d’un infarctus au début de ma carrière et aujourd’hui, c’est le jour et la nuit. Les hospitalisations étaient de 10 à 15 jours, maintenant, elles sont de quatre jours environ avec moins de complications et un bien meilleur pronostic. Les malades sont beaucoup moins lourds car la médecine a beaucoup progressé. Il faut être vigilant et s’assurer de suivre les avancées de tout type sur l’organisation des soins. Cela passe par le recrutement de collaborateurs, car notre activité repose sur un travail d’équipe.
Aujourd’hui, je pense aussi que le statut des praticiens hospitaliers doit évoluer. Il y a beaucoup d’heures de travail, avec une pénibilité lié à la continuité des soins. Le statut doit devenir plus attractif car il faut aimer un certain type d’exercice de la médecine, pour s’y orienter et surtout y rester.

Quel regard portez-vous sur la nouvelle génération de cardiologues ?
La culture n’est plus la même. La cardiologie évolue vers l’hyperspécialisation et les jeunes cardiologues le savent. Cette hyperspécialisation répond aux défis de notre époque et prépare l’avenir. Au début de ma carrière, notre pratique était plus diversifiée car c’était nécessaire pour diriger un service. Nous étions moins nombreux et la cardiologie interventionnelle bien moins avancée. Mais il faut avoir en tête qu’une vision globale de la spécialité doit demeurer dans les services pour faire le lien entre toutes les hyperspécialités.
Le mode de vie aussi a changé car les jeunes médecins cherchent à allier qualité de vie personnelle et activité professionnelle. A mon époque c’était différent. Mais cette évolution est une bonne chose.

 

« La cardiologie, une spécialité extrêmement dynamique »

Après avoir exercé quelques temps en établissement où elle a occupé le poste de chef de clinique, le Docteur Elisabeth Pouchelon est cardiologue dans un cabinet libéral à Toulouse depuis plus de 20 ans. Elle raconte son parcours et nous donne sa vision de la cardiologie.

Pourquoi avoir choisi la cardiologie ?
J’ai choisi cette spécialité au début de mon internat : à cette époque, la cardiologie était à une période charnière de son histoire, tant au niveau des progrès médicamenteux que de l’amélioration de la prise en charge interventionnelle. Cela en fait alors une discipline excessivement dynamique, qui a connu une évolution très importante. Cela a beaucoup joué sur mon choix. En outre, le cœur est l’organe-clé du corps humain : cela en fait donc une spécialité où l’on se sent très utile d’une grande utilité pour les patients. Quant au fait d’exercer en libéral, cela m’offre l’avantage majeur de la liberté.

Et pourquoi vous êtes-vous tournée vers l’exercice libéral ?
J’ai d’abord exercé en établissement. A la fin de leurs études, la plupart des internes a souvent envie de rester à l’hôpital, l’endroit où l’on acquiert la passion pour son métier. Néanmoins, les débouchés y sont relativement réduits. Et, si d’aucuns trouvent de quoi s’épanouir à l’hôpital public, il faut toutefois reconnaître que les contraintes y sont très importantes : l’exercice hospitalier est très dirigé et il y a peu d’espace pour l’expression personnelle. De fait, le secteur libéral permet, lui, de s’organiser plus librement : on travaille autant qu’en établissement mais différemment…

Quel regard portez-vous sur votre spécialité aujourd’hui ?
La cardiologie est une spécialité très dynamique, dans laquelle on a la chance de pouvoir souvent guérir nos patients. Ce qui est loin d’être le cas pour toutes les pathologies ! En outre, grâce au dynamisme et aux progrès qui ont marqué la discipline ces dernières années, on améliore aujourd’hui la qualité et l’espérance de vie des patients de façon spectaculaire. D’autant que la prise en charge ne cesse d’être améliorée : après les évolutions en matière de médicaments, le traitement interventionnel progresse tous les jours.

Selon vous, être une femme, est-ce un avantage, un inconvénient ou aucun des deux dans votre pratique ?
Il faut reconnaître que les femmes sont sous-représentées dans la cardiologie(1) : nous sommes très peu nombreuses et on se sent parfois seule… Il y a quelques obstacles à surmonter, mais cela ne nous empêche pas pour autant de travailler en bonne intelligence avec nos confrères masculins ! Certaines peuvent avoir l’impression que c’est une spécialité très contraignante, en raison des gardes et des urgences par exemple, mais c’est le cas dans de nombreuses spécialités et cela fait partie intégrante de la spécialité de cardiologie.

(1) Les femmes représentaient 25 % des cardiologues en 2016
On compte 14% de femmes cardiologues en libéral en Occitanie (données SNIRAM).

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