Médecin intérimaire, médecin avant tout

18 mars 2020

Ils seraient environ 6 000 à avoir choisi de travailler pour plusieurs hôpitaux au gré de leurs envies et du mode de vie qu’ils entendent privilégier. Pour autant, ils sont l’objet de critiques récurrentes, à l’image d’Agnès Buzyn qui les avait qualifiés en 2018 de « mercenaires ». Pourtant, être médecin intérimaire, c’est bien autre chose et d’abord, une manière d’étoffer ses acquis dans des configurations organisationnelles distinctes.

Un recrutement avec ou sans intermédiaire

Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que les médecins intérimaires sont incontournables à l’hôpital… lequel est confronté à une pénurie de praticiens et a donc fréquemment besoin de réajuster temporairement ses effectifs afin d’assurer la continuité du service et un fonctionnement le plus normal possible. Pour cela, il enrôle, pour des périodes ponctuelles, allant d’une journée à plusieurs semaines, voire mois, des professionnels de santé intérimaires qui font donc office de variable d’ajustement. Plus particulièrement dans trois spécialités où les manques sont criants : l’anesthésie, la radiologie et la médecine d’urgence. Le recrutement peut se faire directement entre l’intéressé et l’établissement soit, le plus souvent, par l’intermédiaire d’un cabinet ou d’une agence d’intérim. À noter que si cette pratique est prioritairement l’apanage des CH de petite taille, elle n’épargne pas non plus les structures plus importantes de type CHU.

Des rémunérations plafonnées

Qu’on le veuille ou non, la question de la rémunération est le point névralgique quand on évoque la profession. Celle-ci est en effet fortement majorée et, lorsqu’on la calcule sur une base journalière, très largement supérieure à celle que perçoivent les praticiens salariés en CDI des établissements. Tout d’abord, le fait qu’il s’agisse d’un contrat intérimaire implique l’octroi d’une prime de précarité de 10 % à laquelle s’ajoute la prime de congé payés. Mais l’essentiel est ailleurs, dans le barème des rémunérations, quand bien même ce dernier a-t-il été limité par le décret du 24 novembre 2017 entré en vigueur le 1er janvier 2018. Ainsi, les médecins, chirurgiens-dentistes et autres pharmaciens qui assurent des missions d’intérim à l’hôpital public ne pourront prétendre, en 2020, à un salaire brut maximal supérieur à 1 170,04 euros pour une journée de vingt-quatre heures (contre 1 404,05 euros en 2018 et 1 287,05 euros en 2019).

Un statut par nature précaire

Néanmoins, l’intérim a beau être très bien payé, il n’en demeure pas moins un statut par nature précaire. C’est d’ailleurs là le revers de la médaille : si l’offre de tels postes est importante, il n’y a jamais de certitude de pouvoir enchaîner de manière continue ce type de contrat sauf à devoir, parfois, accepter d’aller travailler loin de chez soi. Avec l’impact logistique que cela peut avoir sur la vie personnelle et familiale. À ceci près que les frais d’hébergement, de transport et de nourriture sont à la charge de l’hôpital. Par ailleurs, si les contrats intérimaires confèrent certes des droits à la retraite identiques à ceux des contrats à durée indéterminée ou déterminée, leur calcul n’est pas si simple. Ici, point de relevé annuel unique en guise de justificatif mais un par contrat. Surtout, il importe qu’il n’y ait pas une vacance trop importante entre les missions sous peine de diminuer d’autant ses cotisations retraite et, par récurrence, le montant ultérieur de ses pensions. Une considération loin d’être neutre à l’heure de l’instauration du régime universel. Afin de s’épargner de tels désagréments, il est préférable d’être en veille et de consulter fréquemment les sites « emploi » susceptibles d’assurer un minimum de débouchés. Ce qui n’empêche pas de démarcher de son côté. Au demeurant, ces structures qui interviennent dans le secteur doivent se soumettre à certaines règles de procédure, en particulier à l’obligation de faire état auprès des hôpitaux employeurs des qualifications du candidat, de son autorisation d’exercer et de ses aptitudes.

Éviter de tomber dans la routine et la lassitude

Plus largement, il serait faux d’affirmer que la dimension pécuniaire est la seule motivation de ceux qui optent pour ce statut. En effet, il offre un attrait essentiel dans tout parcours professionnel, quel qu’il soit : celui de la diversité et du changement. Pourquoi ? Parce que s’il exerce dans sa spécialité, le médecin intérimaire officie successivement dans des structures et des services qui ont chacun leur propre articulation avec des compétences marquées. C’est là autant d’occasions de faire de nouvelles rencontres sur le plan professionnel mais également de se familiariser avec des protocoles et des pratiques différents. En somme, d’étoffer son expérience et donc de maîtriser davantage son art. Un enrichissement aux allures de formation continue susceptible d’être valorisé au fil de la carrière. C’est le gage, aussi, d’éviter de tomber dans la routine et la lassitude, voire de s’épargner, sur le long terme, les pesanteurs inhérentes à chaque établissement quand on y est rattaché de manière constante. En somme, l’intérim est aussi une opportunité de se remettre en question en sortant de sa zone de confort. Avec, toutefois, un bémol : il faut, le plus souvent, renoncer à ce qui demeure l’une des gratifications du métier, le suivi au long cours des patients à moins d’avoir la possibilité de concentrer ses différents emplois dans les mêmes hôpitaux. Une façon idoine d’allier continuité et variété.

Nombreux à être séduits

Le décret du 24 novembre 2017 prohibe le cumul d’activités, c’est-à-dire interdit d’enchaîner durant les temps de repos des gardes en intérim pour augmenter ses revenus. Pour autant, la flexibilité consubstantielle à l’intérim autant que ses réels avantages expliquent qu’il séduise de jeunes diplômés qui attendent qu’un poste se libère ou tout simplement désireux de se forger à leur rythme une expérience solide après un cursus estudiantin ardu avant de s’implanter en toute connaissance de cause et de manière plus durable au sein d’un hôpital. De même, des médecins titulaires à temps plein mettent-ils un terme à leur contrat initial pour privilégier un nouveau départ et opter en faveur de cette nouvelle façon d’exercer leur art. Autres catégories qui se laissent tenter, celle des praticiens souhaitant cumuler emploi et retraite ou encore des praticien(-enes) qui entendent assumer de front leur rôle de père ou de mère et leur vocation de professionnel de santé. Car, in fine, c’est bien de cela dont il s’agit toujours.

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